Le paradoxe du vert

Si je vous demandais quelle couleur vous associez à la nature… parions que vous seriez nombreux à répondre « le vert » ! C’est encore plus vrai sous nos latitudes en cette saison, avec le renouvellement des feuillages qui nous offrent une palette de verts extrêmement variée.

Et pourtant quel paradoxe de découvrir que le vert est la couleur la plus délicate à obtenir à l’aide de pigments végétaux ! Aucune plante ne permet de teindre ou de peindre dans des verts aussi beaux que ceux que nous avons sous les yeux. La chlorophylle est instable chimiquement et trop sensible à la lumière.

C’est dans le monde minéral que l’on obtient les meilleurs pigments : chrysocolle, malachite, terres vertes…une fois associés à de savants mélanges, on les retrouve dans l’enluminure, les fresques, l’aquarelle, la peinture à l’huile…

Azurite-malachite © Denis Huin
Etamine de laine teinture avec gaude + persicaire à indigo

Pour la teinture textile, pas d’autre moyen que de mélanger le bleu et le jaune (le plus souvent, l’indigo et la gaude). Mais comme l’Occident médiéval chrétien condamnait le mélange des couleurs, ces belles étoffes vertes ont tardé à faire l’unanimité dans les mentalités pour rejoindre les garde-robes.

Ah ! le vert, une couleur si paradoxale, si changeante, que même sa symbolique reste ambivalente dans notre culture européenne.

Couleur des fous ou des fées ?
Couleur des traîtres ou des romantiques ?
Couleur de la jalousie ou de l’espoir ?
Couleur de l’écologie ou du « green-washing » ?

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