Les couleurs de la Nature
Bien souvent, je n’interviens dans une classe qu’une fois au cours de la même année scolaire. Entre 2h et 3h selon le thème et l’âge, parfois ça me paraît peu et puis quand je recroise les enfants des années plus tard qui se souviennent encore des tours de magie des couleurs ou de l’histoire du village, je me dis que c’est déjà beaucoup.
Depuis cette année, j’ai également l’opportunité d’accompagner des classes sur un projet en 4 séances et ça, c’est vraiment chouette. J’ai notamment créé « Les couleurs de la nature », et en quatre fois deux heures, nous avons le temps de découvrir en profondeur la palette de couleurs que nous offre Mère Nature, directement, rien qu’en frottant fleurs, herbes, terre, pierres, écorces… tout ce qui nous tombe sous la main, avant de faire quelques transformations au savon de Marseille et au citron.
Puis nous plongeons au cœur des tanins et de leur magie qui transforme les peaux animales en cuir, et qui permet d’avoir une magnifique encre noire.
Nous sortons dans le village décortiquer les couleurs des crépis, des volets et des drapeaux pour retrouver les pigments historiques utilisés : des ocres, des plantes tinctoriales.
Nous observons et manipulons mes échantillons de tissus teints et apprenons que tous les tableaux qui ont + de 200 ans sont composés de couleurs naturelles.
Au bout de 3 séances, les enfants sont devenus hyper forts. Bien + que je ne l’aurais pensé en fait. Ils sont devenus autonomes. Partent promener en nature le week-end avec leurs parents à la recherche de nouvelles couleurs. Se questionnent sur l’origine de la couleur de tout ce qui les entoure.
En séance 4, ils sont prêts pour le festival des couleurs 
. Un florilège de recettes pour obtenir différentes textures pour un dessin qui durera 1000 ans (rdv dans 1000 ans donc !). Encres, peinture au jaune d’œuf, peinture à l’amidon, pastels à la cire d’abeille, et colle de farine pour disposer quelques jolies herbes sauvages, … nous permettent de réinvestir les principales sources de couleur étudiées : garance, indigo, ocres, terre verte etc… On note les recettes au tableau, on apprend des nouveaux mots, et c’est parti pour la création avec tantôt un pinceau, tantôt les doigts !
. Un florilège de recettes pour obtenir différentes textures pour un dessin qui durera 1000 ans (rdv dans 1000 ans donc !). Encres, peinture au jaune d’œuf, peinture à l’amidon, pastels à la cire d’abeille, et colle de farine pour disposer quelques jolies herbes sauvages, … nous permettent de réinvestir les principales sources de couleur étudiées : garance, indigo, ocres, terre verte etc… On note les recettes au tableau, on apprend des nouveaux mots, et c’est parti pour la création avec tantôt un pinceau, tantôt les doigts !
« C’est agréable dans les mains, c’est satisfaisant »
« Mais c’est trop bien, moi je croyais que les couleurs végétales c’était fade ! » 
Et oui malheureusement, il y a d’autres personnes un peu moins consciencieuses qui réalisent des jus de fleurs ternes et délavés, ce qui a tendance à desservir la cause des couleurs naturelles.
Tout à coup, je ne me sens plus saltimbanque mais détentrice d’un grand pouvoir que je ne dois pas détenir jalousement pour moi, mais que je me dois de diffuser pour que nous ayons toujours + de magiciens des couleurs. Que l’émerveillement reprenne le dessus, alors que tout autour de nous invite au déclin, au repli sur soi, au renoncement.
Comment pouvons-nous espérer une résilience de la nature, si nous renonçons à elle ?
Regardons-la, remercions-la de sa magie et de ses trésors. Et puisque nous faisons partie de la Nature, souvenons-nous de notre magie et de nos trésors. Tout comme les couleurs insoupçonnées des fleurs, ils ne demandent qu’à s’exprimer dans le monde.
