Extrait d’atelier d’écriture

On pense parfois ne pas avoir d’imagination suffisante pour écrire et inventer. Une proposition que j’adore : s’installer sur une place, un croisement de rue, laisser son regard être attiré par ce qu’il s’y passe et le décrire, tout simplement. Comme un croquis fait avec des mots. Mis bout à bout, une scène de vie qui ressemblerait presque à de la “littérature”. S’amuser de voir les mêmes détails se croiser dans les différents textes, ou au contraire s’étonner de découvrir le lieu sous un autre angle.

(Texte écrit au cours d’un atelier “Écrire dans les ruelles du village de Collobrières” – prochain atelier le 13 mai à 14h30)

Place de la mairie.

L’ancien côtoie le moderne. Des platanes qui ont tout vu expliquent la vie aux plus jeunes, qui ont remplacé les malheureux disparus.
Des pavés colorés essaient de former des motifs géométriques. Comme les éclaboussures d’eau de la fontaine peut-être. Elle reste hélas à sec depuis des semaines.

À gauche. Des gens attablés. Un jeune essaie de boire son soda le nez trempé dans le verre. Les bulles lui chatouillent les narines. Une femme hésite en regardant la carte du restaurant. Elle envoie son homme en valeureux éclaireur. “Servez-vous encore à cette heure ?”. Oui. Sitôt attablés.

Un groupe de promeneurs. Une plume de tourterelle. Et une mouche qui parade autour de moi.
Les cyclistes se remettent en selle, les mollets déjà bien éprouvés. Collobrières, une étape.
Une dame à grand chapeau se rappelle au passé de la place. Si ce n’est que sa robe est fendue bien plus haut qu’en 1920.

Petite rumeur d’euphorie de fin de repas. Quand les panses sont remplies et les verres vides.
L’homme que j’observe qui voit que je l’observe et qui se demande ce que je lui veux.

Les platanes font éternuer. La chaleur est étouffante, comment fait-il avec son pantalon ? Aller-retour sur la place. Venir. Repartir. La liste des lieux à voir sans vraiment les regarder.

Les bancs se vident. La pause est terminée.
Les platanes n’ont pas bougé. Que font-ils quand ils ne sont plus qu’entre eux ?

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