Écrire, pour moi, c’est…

Écrire pour moi, c’est se laisser surprendre dans ce que l’on croit connaître. Comme les plats de terroir revisités façon gastronomique. Au premier regard, l’assiette semble familière, mais une fois la fourchette en bouche, se mêlent surprise et redécouverte.
 
C’est également un espace d’expression sécurisé, chaud et rassurant. Un peu comme être à la maison, blottie au coin du feu. Parfois, j’écris au cœur de la tempête. Les mots s’enchainent, les lettres se mêlent et se démêlent. Ma plume engloutit les pages, pour que mon esprit ne se noie pas. J’écris alors simplement pour écrire, sans réfléchir. Plus tard, bien plus tard, arrive le temps de la relecture, lorsque je suis suffisamment détachée des mots pour les déguster. Les couleurs sont toujours plus éclatantes après la pluie, lorsque les nuages se dissipent et que le merle reprend sa douce et apaisante mélodie.
Parfois, l’écriture m’amène vers l’exploration de chemins plus espiègles. Tel un renard, je me joue des mots, de leur sens et leurs associations, pour inventer des personnages et des situations. Je débusque les idées cachées et prends le lecteur à contrepied.
 
À l’adolescence, l’écriture est devenue ma porte d’expression de tout ce que je n’arrivais pas à dire avec justesse et précision. Et j’ai alors découvert qu’avec un peu de style et de vocabulaire, la mélancolie pouvait devenir jolie. J’ai arrêté d’écrire de manière régulière pendant pratiquement huit ans. Je ne saurais pas trop dire le pourquoi du comment. Ensuite, je n’arrivais plus à reprendre, par peur de ne plus y arriver. Mais en fait la littérature, c’est comme le vélo ; après quelques balbutiements, le rythme revient rapidement.
 
C’est une rencontre fortuite qui a ravivé en moi le feu de l’écriture. Tel le lierre, j’ai trouvé un nouvel arbre robuste sur lequel prendre appui pour m’élever vers la lumière, poursuivre mon ascension vers le texte juste. Le sujet importe peu, tout comme le style employé ; les mots ne sont que des vecteurs, écrire, c’est donner vie à l’émotion chez le lecteur.
J’aime m’installer au bord de la rivière des mots pour la contempler. Toujours en mouvement, en perpétuel changement. Ce que j’écris aujourd’hui sera différent d’hier et de demain. Certains de mes textes vieux d’il y a dix ans, vingt ans, m’épatent encore de leur ingéniosité. D’autres, restent inachevés plusieurs semaines durant. On sait toujours lorsqu’on commence un texte, mais on ne sait jamais vraiment en combien de temps il sera achevé.
 

Écrire pour moi, c’est comme le jus d’un citron qui vient parfaire un plat. Il s’agit de trouver le dosage parfait, ni trop peu ni en excès. L’équilibre acidulé qui donnera envie de dire « Encore ! ».

[Consigne d’écriture : “écrire pour moi, c’est…” avec la contrainte d’insérer dans un ordre précis 10 mots déterminés en amont.
Formation d’animatrice en atelier écriture.]

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